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TAJMILT-NWEN D TAMMEQWRANT  

Hommage à nos Grands Ecrivains et Poetes

   Furulu            Marguerite Taos Amrouce    

A visiter le site dédié à nos écrivains

http://www.imyura.net/

Dda Lmulud At Mammer (Mouloud Mammeri):

 

"La vie d’un écrivain importe peu finalement. C’est son œuvre qui est importante. L’essentiel, c’est non l’événement, mais l’aventure intérieure". 
                                                                Mouloud Mammeri, 1972

    Mouloud Mammeri est ne le 28 décembre 1917 0 Taourirt Mimoun (At Yanni). A douze ans, il se rend chez son oncle à Rabat (Maroc) où il commence ses études secondaires. Il y restera pendant quatre ans, avant de rentrer à Alger en 1934, pour achever ses études secondaires au lycée Bugeaud.
   Il entame ses études supérieures à Paris au lycée Louis Le Grand avec l’intention d’y préparer le concours d’entrée à l’Ecole Normal Supérieure, projet avorté par la seconde Guerre mondiale.
   Mobilisé en 1939 et libéré en octobre 1940, il s’inscrit à la Faculté de lettres d’Alger. Remobilisé après le débarquement américain, il participe aux campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne.
   A la fin de la guerre, il prépare à Paris un concours de professorat de lettres et rentre en Algérie en septembre 1947. Il enseigne à Médéa puis à Ben Aknoun, et doit, sous la pression des événements, quitter Alger en 1957.
   De 1957 à 1962, il reste au Maroc, avant de regagner l’Algérie au lendemain de l’indépendance. Mouloud Mammeri dirigea alors le Centre de Recherches anthropologiques préhistoriques et ethnographiques d’Alger (CRAPE) jusqu’à 1979, tout en donnant des cours à l’université d’Alger. Il eut également un passage éphémère à la tête de la première Union nationale des écrivains algériens qu’il abandonnera pour discordance de vue et de rôle de l’écrivain dans sa société.
   Il fut maître de la chaire de berbère à l’Université d’Alger de 1962 à 1969 où certaines matières, telles l’ethnologie et l’anthropologie, jugées sciences coloniales par la tutelle durent disparaître des enseignements universitaires. Il anima alors bénévolement un cours de langue berbère jusqu’à 1973.
    En 1982, il fondait à Paris le Centre d’études et de recherches Amazigh (CERAM) et la Revue Awal, comme il animait également un séminaire sur la langue et la littérature amazighes sous forme de conférences complémentaires au sein de l’école des Hautes études en sciences sociales (EHESS). Ce long itinéraire scientifique lui a permis de rassembler une somme d’éléments fondamentaux pour le développement de la langue et de la littérature amazighes.
      Mouloud Mammeri trouva la mort dans un accident (????) de la route, près de Ain Defla, le 25 février 1989 à son retour d’un colloque à Oujda (Maroc).

1. Oeuvres de l’auteur :
I.1. romans : 

  • La Colline oubliée, Paris, Plon, 1952 ;  2ème édition, Paris, Union Générale d’Editions-SNED, Coll. 10/18, 1978.
  • Le Sommeil du Juste, Paris, Plon, 1955 ; 2ème édition, Paris, Union Générale d’Editions-SNED, Col. 10/18, 1978.
  • L’Opium et le Bâton, Paris, Plon, 1965 ; 2ème édition, Paris, Union Générale d’Editions-SNED, Coll. 10/18, 1978.
  • La Traversée, Paris, Plon, 1982, 2ème édition, Alger, Bouchène, 1992.
     
I.2. Nouvelles
  • Ameur des Arcades et l’Ordre, Paris, 1953, Plon, "La table Ronde", n° 72.
  • Le Zèbre, Preuves, Paris, n° 76, juin 1957, pp.33-67.
  • La Meute, Europe, Paris, n° 567-568, juillet-août 1976, pp.68-76.
  • L’Hibiscus, Montréal, 1985, Dérives n°49, pp.67-80.
  • Le Désert atavique, Paris, 1981, Quotidien Le Monde du 16 août 1981.
  • Ténéré atavique, Paris, 1983,Revue Autrement, n° 5.
  • Escales, Alger 1985, Révolution Africaine.
    I.3. Théâtre 
  • Le Foehn ou la Preuve par neuf, Paris, Publisud, 1982, 2ème édition, Paris, Pièce jouée à Alger en 1967.
  • Le Banquet, précédé d’un dossier, la Mort absurde des Aztèques, Paris, Librairie académique Perrin, 1973.
  • La Cité du Soleil, sottie en trois tableaux, Alger, 1987, Laphomic, M.Mammeri : entretien avec T.Djaout, pp.62-94.
    I.4. Traduction et critique littéraire
  • Les Isefra de Si Mohand ou Mhand, texte berbère et traduction, Paris, Maspéro, 1969.
  • Poèmes kabyles anciens, textes berbères et français, Paris, Maspéro, 1980.
  • L’Ahellil du Gourara, Paris, MSH, 1984.
  • Yenna-yas Ccix Muhend, Alger, Laphomic, 1989.
  • Machaho, Contes berbères de Kabylie, Paris, Bordas, 1980.
  • Tellem chaho, Contes berbères de Kabylie, Paris, Bordas, 1980.
    I.5.. Grammaire et linguistique 
  • Tajerrumt n tmaziyt (tantala taqbaylit), Paris, Maspéro, 1976.
  • Précis de Grammaire berbère, Paris, Awal, 1988.
  • Lexique français-touareg, en collaboration avec J. M. Cortade, Paris, Arts et métiers Graphiques, 1967.
  • Amawal tamaziyt-français et français-tamazi_yt, Imedyazen, Paris, 1980.
  • Awal, Cahiers d’Etudes berbères, sous la direction de M.Mammeri, 1985-1989, Paris, Awal.
    I.6. Etudes dans des périodiques
  • La société berbère, Rabat, 1938-1939, Aguedal n° 5 et 6 (1938) et n° 1 (1939).
  • Evolution de la poésie kabyle, Alger, 1950, Revue Africaine n° 422-423, pp. 125-148.
  • Si Ibn Khaldoun revenait parmi nous, Alger, 1963, Révolution Africaine n° 14 du 4 mai 1963.
  • Un poète algérien  Si Mohand ou Mhand, Le Caire, 1968, Œuvres afro-asiatiques, V.1, N° 1, mars 1968.
  • Littérature orale : l’Ahellil, Alger, 1973, Libyca, tome XXI.
  • Culture savante et culture vécue en Algérie, Alger, 1975, Libyca, tome XXIII, pp.211-219.
  • La littérature berbère orale, Paris, 1977, Les Temps Modernes, n° 375 bis, du 06 octobre 1977, pp. 407-718.
  • Problèmes de prosodie berbère, Alger, 1978, SNED, Actes du Deuxième Congrès international d’Etudes des cultures de la Méditerranée occidentale, tome II.
  • L’Ahellil du Gourara, Alger, 1982, OPU, Actes de la Table Ronde, CRAPE.
  • Le berbère à l’Université, rien de nouveau (avec S.Chaker), Tizi-Ouzou, 1983, Tafsut, Etudes et Débats, n° 1.
  • Après trois ans, Tizi Ouzou, 1983, Tafsut, Etudes et Débats, n° 1.
  • Culture du peuple ou culture pour le peuple, Paris, 1985, Awal, n°1, pp.30-57.
  • L’expérience vécue et l’expérience littéraire en Algérie, Montréal, 1985, Revue Dérives, pp.7-24.
  • L’imaginaire éclate de Jean Amrouche, Marseille, 1985, Editions du Quai de Marseille, Actes du Colloque Jean Amrouche, l’Eternel Jugurtha, Rencontres méditerranéennes de Provence, 17-19 octobre 1985.
  • Les mots, les sens et les rêves ou les avatars de tamurt, Paris, 1986, Awal, n°2.
  • Aventures et avatars de la modernité en pays de tiers-monde, Paris, 1986, Table ronde sur modernité et traditions dans les sociétés berbères, CERAM.
  • Une expérience de recherche anthropologique en Algérie, Paris, 1989, Awal.
  • Faut-il écrire spécifique, Oujda, 1989, Conférence donnée à Oujda, Université Mohammed 1er, février 1989.
  • Y a-t-il des caractères spécifiques de l’oralité ? Conférence préparée pour le Colloque international sur l’oralité africaine, CNEH, 12-15 mars 1989, in M.Mammeri, Culture savante, Culture vécue, publication de l’Association Tala, Alger, 1991.
     
    II. Connaissance de l’homme et de l’œuvre 
    II.1. Ouvrages généraux
  • Anthologie des écrivains maghrébins d’expression française , choix et présentation de J.Arnaud, J.Déjeux, A.Khatibi, A.Roçth, Paris, Présence africaine, sous la direction d’A.Memmi, 2ème édition, 1965.
  • Anthologie maghrébine, Centre pédagogique maghrébin, Paris, Hachette, 1965.
  • Bencheikh, J.E., Levi-Valensi, J., Diwan algérien, la poésie algérienne d’expression française de 1945 à 1965, Alger, SNED, 1967.
  • Déjeux, J., Littérature maghrébine d’expression française, Canada, Editions Naaman, 2ème édition, 1978.
  • Khatibi, A., Le roman maghrébin, essai, Paris, Maspéro, 1968.
  • Fédération internationale des Professeurs de français (FIPF), Littérature de langue française hors de France, Anthologie didactique, Gembloux-Belgique, E.J.Duoulot, 1976.
    II.2. Revues 
  • Cahiers algériens de littérature comparée, "L’itinéraire du héros dans l’œuvre romanesque de M.Mammeri", M.S.Dembri, Alger, Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1968, numéro 3 pp.79-99.
  • Europe, Littérature algérienne, Paris, juillet-août 1976, numéros 567-568.
  • La Nouvelle Critique, numéro spécial sur la littérature algérienne, Paris, janvier 1960, numéro 112.
  • Œuvres et critiques, La Colline oubliée de M.Mammeri, un prix littéraire, une polémique politique, par J.Déjeux, Paris.
  • Revue algérienne des Lettres et des Sciences humaines, Querelle autour de La colline oubliée, par M.S.Dembri, Alger, 1969, numéro 1, pp.166-174
  • Revue de l’Occident musulman, Tradition et subversion dans l’œuvre de M.Mammeri, par A.Roche, Aix-En Provence, 1976, numéro 22, pp.99-108.
    II.3. Articles 
  • Sahli, M.C., La Colline oubliée du reniement, Le Jeune Musulman, n°12, Alger, février 1953.
  • Lacheraf, M., La Colline oubliée ou les consciences anachroniques, Le Jeune Musulman, n°13, Alger, février 1953.
  • Kaddache, M., La Colline oubliée de M.Mammeri, La Voix des jeunes, Alger, février 1953.
  • Hadj Ali, B., Réflexions sur un prix littéraire, Liberté, Alger, 5 février 1953.
  • Khaled H., La colline oubliée de M.Mammeri, Liberté, Alger, 30 octobre 1953.
  • Bouslama R., Le Foehn, Algérie Actualités, Alger, n°79, 23 avril 1967.
  • Sellami Z., Le Foehn, Algérie Actualités, Alger, n°220, 1er mai 1967.
  • Alloula M., La mort absurde des Aztèques et le Banquet, Algérie Actualités, Alger, n°418, 21 octobre 1973.
  • El Moudjahid, 22 avril 1967, 29 avril 1967, 29 mai 1967, à propos du Foehn, 17-18 décembre 1967, à propos du Sommeil du Juste, 26 décembre 1967 à propos de l’Opium et le Bâton.
    II.4. Interviews
  • Alger Républicain, Alger, 7 mai 1965, M.Mammeri : de la Colline oubliée à l’Opium et le Bâton.
  • An Nasr, Constantine, 4 et 11 mai 1968, Mon œuvre par M.Mammeri.
  • Revue de l’Education Nationale (Maroc), Quelques instants avec M.Mammeri, Rabat, novembre-décembre 1959, numéro 2.
  • Le Jour, Entre M.Mammeri et A.Mazouni, Beyrouth, 3 et 27 juin 1966.
  • Dialogue M.Mammeri – P.Bourdieu sur la poésie kabyle, Actes de la Recherche en sciences sociales, n°23, septembre 1978, Paris.
  • Entretien avec P.Bourdieu, Du bon usage de l’ethnologie, Paris, 1985, Awal n°1, pp.7-29.
  • Entretien M.Mammeri – J. Pellegri, Dunes International n°0, Alger, OREF, mars 1988.
  • Entretien avec M.Mammeri, Portrait radiophonique, par M.Boisvert, Montréal, 1985, Dérives n°49, pp.25-33.
  • Parcours d’une expérience, entretien avec P.Monette, Montréal, 1985, Dérives n°49, pp.101-119.
  • Entretien  avec T.Djaout, suivi d’une sottie en trois tableaux, Editions Laphomic, Alger, 1987.
    IDIR AHMED ZAID
    3èmes journées Mouloud MAMMERI
    23-24 fèvrier 1998
     

     Il a dit:

Quand je regarde en arrière, je n'ai nul regret, je n'aurai pas voulu vivre autrement ...De toutes façons, un fantasme n'est jamais que cela. Je ne me dis pas : J’aurais voulu être un citoyen d'Athènes au temps de Périclès, ni un citoyen de Grenade sous les Abencérages, ni un bourgeois de la Vienne des valses. Je suis né dans un canton écarté de haute montagne, d'une vieille race qui, depuis des millénaires n'a pas cessé d'être là, avec les uns, avec les autres...qui, sous le soleil ou la neige, à travers les sables gara mantes ou les vieilles cités du Tell, a déroulé sa saga, ses épreuves et ses fastes, qui a contribué dans l'histoire, de diverses façons, à rendre plus humaine la vie des hommes. Les tenants d'un chauvinisme souffreteux peuvent aller déplorant la trop grande ouverture de l'éventail : Hannibal a conçu sa stratégie en punique ; c'est en latin qu'Augustin a dit la cité de Dieu, en arabe qu'Ibn Khaldoun a exposé les lois des révolutions des hommes. Personnellement, il me plait de constater dès le début de l'histoire cette ample faculté d'accueil. Car il se peut que les ghettos sécurisent, mais qu'ils stérilisent c'est sûr.

C'est par là que je voudrais finir. Ceux qui, pour quitter la scène, attendent toujours d'avoir récité la dernière réplique à mon avis se trompent : il n'y a jamais de dernière réplique - ou alors chaque réplique est la dernière - on peut arrêter la noria à peu près à n'importe quel godet, le bal à n'importe quelle figure de la danse. Le nombre de jours qu'il me reste à vivre, Dieu seul le sait. Mais quelque soit le point de la course où le terme m'atteindra, je partirai avec la certitude chevillée que quelque soient les obstacles que l'histoire lui apportera, c'est dans le sens de sa libération que mon peuple - et avec lui les autres - ira. L'ignorance, les préjugés, l'inculture peuvent un instant entraver ce libre mouvement, mais il est sûr que le jour inévitablement viendra où l'on distinguera la vérité de ses faux semblants. Tout le reste est littérature."

Mouloud Feraoun ( Fouroulou):

Hommage d'Emmanuel ROBLES


 

    Né le 8 mars 1913 dans le village de Tizi-Hibel (ancienne commune mixte de Fort-National), son nom est Aït-Chabane, Feraoun étant le nom attribué par l'état-civil français.
     Il fréquente l'école de Tizi-Hibel à partir de l'âge de 7 ans.
En 1928, il est boursier à l'Ecole Primaire Supérieure de Tizi-Ouzou.
Il entre à l'Ecole Normale de Bouzaréa en 1932 où il fait la connaissance d'Emmanuel Roblès. En 1935, il est nommé instituteur à Tizi-Hibel où il épouse sa cousine Dehbia dont il aura 7 enfants.
En 1946, il est muté à Taourirt-Moussa. En 1952, il est nommé directeur du Cours Complémentaire de Fort-National.
En 1957, nommé directeur de l'Ecole Nador de Clos-Salembier, il quitte la Kabylie pour les hauteurs d'Alger.
En 1960, il est Inspecteur des Centres Sociaux à Château-Royal près de Ben-Aknoun. Avec cinq de ses collègues, c'est là qu'il est assassiné par l'OAS le 15 mars 1962 à quatre jours du cessez-le-feu.
Mouloud Feraoun a commencé son premier roman autobiographique Le fils du pauvre en 1939; il n'est publié qu'en 1950 à compte d'auteur. Ce n'est qu'en 1954 que Le Seuil le publie expurgé des 70 pages relatives à l'Ecole Normale de Bouzaréa.
En 1951, il est en correspondance avec Albert Camus, le 15 juillet, il termine La terre et le sang récompensé en 1953 par le prix populiste.
Les éditions du Seuil publient, en 1957, Les chemins qui montent, la traduction des Poèmes de Si Mohand étant éditée par les Editions de Minuit en 1960.
Son Journal, rédigé de 1955 à 1962 est remis au Seuil en février 1962 et ne sera publié qu'après sa mort.

Plus d'informations sur ce génie de Tizi Hibel: http://dzlit.free.fr/feraoun.html

Hommage de Mouloud Mammeri à Fouroulou:

Mouloud, cela me fait drôle de parler de toi comme si tu étais mort ... comme si une giclée de balles imbéciles pouvait t'avoir arraché de notre vie, sous prétexte qu'elles t'avaient un matin de mars 1962 stupidement rayé du paysage... C'était le dernier hommage de la bêtise à la vertu.
  Mais, vieux frère, tu en as connu d'autres; tu sais toi, que pour aller à Ighil Nezman, de quelque côté qu'on les prenne,  les chemins montent. Et puis après ? Tu sais aussi que les hauteurs se méritent. En haut des collines de "Adrar n nnif" on est plus près du ciel. Du paysage ce sont eux qui ont craché leur rage en douze balles-six-secondes qui ont disparu, rayés parce qu'ils n'avaient pas assez de sang généreux dans les veines, assez de rêves fous dans les yeux, pour y demeurer.
  Ils avaient la vigne, les comptes en banque (et encore pas tous), l'anisette (tous cette fois), l'accent merguez (qu'ils n'ont aimé qu'après qu'il l'ont perdu) et l'aveuglement. En parlant de nous ils disaient "les Arabes" et ... dans la moue de leurs lèvres ce n'était pas une désignation, c'était un verdict. Mais nous, Mouloud, nous savons que ce ne pouvait pas être autrement : ils avaient tout cela, mais il leur manquait l'essentiel : LA TERRE ET LE SANG.
...
  Il est né à la veille d'une guerre, qui devait être celle du monde entier (1913) ; il est mort à l'extrême fin d'une autre, qui a décidé du sort de tout le peuple algérien (1962) : trois jours après était signé le cessez-le-feu, qui lui eût gardé la vie.

Mouloud Mammeri

Interview de Mouloud Feraoun réalisée par Maurice Monnoyer en 1953:

voir sur: http://www.kabyle.com/?article4377

Si Muh Umhend:

 Si Mohand Ou M'Hand Ath Hammadouche est né vers 1845 et est mort en 1906 (d'après Boulifa). Si la date de sa mort semble établie, celle de sa naissance est approximative. En effet, l'Etat Civil en Kabylie n'a pas eu d'existence officielle avant 1891. Il naquit donc dans l'ancien village de Chéraïouia où son père Mehand Améziane Ou Hammadouche, originaire de Aguemoun, s'était réfugié pour échapper à une vendetta. Après 1857, le village de  Chéraïouia fut rasé et à son emplacement fut édifiée la citadelle de Fort-National (Larbaâ Nath Irathen). L'autorité militaire attribua aux habitants un terrain à 10 Km au nord, près de Tizi-Rached, qui appartenait à une zaouïa.
 En fait, la population s'est répartie, pour une faible part sur ce terrain où naquit la nouvelle Chéraïouia, mais pour la plupart aux alentours de Fort-National.
 Les parents de Si Mohand s'installèrent à Akbou, au lieu-dit Sidi-Khelifa. Son oncle paternel, Cheikh Arezki Ou Hammadouche, maître en droit musulman y avait ouvert une zaouïa où un taleb enseignait le Coran, non seulement aux enfants de la famille mais aussi à tous ceux du village. C'est là que Si Mohand commença ses études avant de rejoindre l'importante zaouïa de Sidi Abderrahmane Illoulen (Michelet). La famille était aisée et l'enfance de Si Mohand heureuse.
 En 1871, lors de l'insurrection, la famille s'est engagée aux côtés de Cheikh El Mokrani contre la colonisation de la Kabylie. Le père, Mehand Améziane fut exécuté à Fort-National, l'oncle Arezki déporté en Nouvelle-Calédonie et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. La famille ruinée et anéantie se dispersa, la mère se retira dans la nouvelle Chéraïouia avec son jeune fils Méziane et là commença la vie de vagabond de Si Mohand, errant de ville en ville. Son frère aîné Akli s'enfuit à Tunis avec l'essentiel des ressources de la famille.
 Si Mohand passa quelque 30 ans d'errance entre la Kabylie et la région de Bône (Annaba) où de nombreux Kabyles travaillaient comme ouvriers agricoles ou comme mineurs. Un autre de ses oncles, Hend N'Aït Saïd , était d'ailleurs installé dans les faubourgs de Bône.
Si Mohand mourrut en 1906 à l'hôpital des Soeurs Blanches de Michelet et fut enterré au sanctuaire de Sidi Saïd Ou Taleb.

Plus d'informations sur ce Grand Poete: http://dzlit.free.fr/simohand.html#mohand

Kateb Yacine

        Kateb Yacine est né en 1929 à Constantine, dans l'Est de l'Algérie. Son père avait une double culture, française et musulmane. Après l'école coranique, il entre à l'école et au lycée français. Il a participé, lorsqu'il avait 15 ans (1945) à Sétif à la grande manifestation des musulmans qui protestent contre la situation inégale qui leur est faite. Kateb est alors arrêté et emprisonné quatre mois durant. Il ne peut reprendre ses études et se rend à Annaba, puis en France. De retour en Algérie, en 1948, il entre au quotidien Alger Républicain et y reste jusqu'en 1951. Il est alors docker, puis il revient en France où il exerce divers métiers, publie son premier roman et part à l'étranger (Italie, Tunisie, Belgique, Allemagne...). Ensuite, il poursuivra ses voyages avec les tournées de ses différents spectacles. Il est mort en 1989.

 
 

Plus d'informations sur Yacine : http://dzlit.free.fr/kateb.html

Tahar Djaout:

A Kenza a yelli
D iseflan neghli
F Lzzayer uzekka
A Kenza a yelli
Ur tru ara
 

La pluie a lavé la tombe
Les eaux déchaînées se déversent
Emportant tout sur leur passage
De sous les dalles un cri déchirant retentit
Le ciel se trouble et se fissure
Clamant la colère et l’impuissance»

Chanson Kenza (1993) de Lounès Matoub
en souvenir de la fille de Tahar Djaout

Le poète ne nous disait-il pas:

Le silence est la mort / Si tu dis, tu meurs / Si tu ne dis pas tu meurs / Alors dis et meurs

Tahar Djaout est né le 11 janvier 1954 à Oulkhou (Ighil Ibahriyen) près d'Azeffoun en Haute Kabylie. En 1970 sa nouvelle "Les insoumis" reçoit une mention au Concours littéraire "Zone des tempêtes". Il achève ses études l'année suivante au Lycée Okba d’Alger et obtient en 1974 une licence de mathématiques à l’Université d’Alger, où il s’est lié avec le poète Hamid Tibouchi.

Tahar Djaout écrit ses premières critiques dans le quotidien El Moudjahid, collabore régulièrement en 1976 et 1977 au supplément El Moudjahid Culturel puis, libéré en 1979 de ses obligations militaires, reprend ses chroniques dans El Moudjahid.

Responsable de 1980 à 1984 de la rubrique culturelle de l’hebdomadaire Algérie-Actualité, il y publie de nombreux articles sur les peintres (Baya, Mohammed Khadda, Denis Martinez, Hamid Tibouchi) comme sur les écrivains algériens de langue française dont les noms et les œuvres se trouvent alors occultés, notamment Jean Amrouche, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Jean Sénac, Bachir Hadj Ali, Messaour Boulanouar, Youcef Sebti, Abdelhamid Laghouati, Malek Alloula, Nabile Farès...

En 1985 Tahar Djaout reçoit une bourse pour poursuivre à Paris des études en Sciences de l’information. De retour à Alger en 1987, il reprend sa collaboration avec "Algérie-Actualité". Les événements nationaux et internationaux le font bifurquer sur la voie des chroniques politiques.

Il quitte en 1992 Algérie-Actualité pour fonder avec quelques uns de ses anciens compagnons son propre hebdomadaire : le premier numéro de Ruptures, dont il devient le directeur, paraît le 16 janvier 1993.

Grièvement blessé dans un attentat terroriste le 26 mai 1993 en sortant de chez lui à Alger, alors que vient de paraître le n° 20 de son hebdomadaire et qu’il finalise le n° 22, Tahar Djaout meurt à Alger le 2 juin et repose dans son village natal d'Oulkhou.

Taos Amrouche:


Marguerite Taos Amrouce Marguerite Taos Amrouce

 

Les Chants de Taos Amrouche, chants berbères et musique kabyle de Kabylie. Les Chants de Taos Amrouche : Taos, la clairchantante

Nombreux sont, parmi les artistes et les intellectuels du milieu du XXe siècle, ceux qui ont salué le charisme de la belle Taos, et, à travers elle, ont accédé aux émotions poignantes de la résurgence du génie berbère, de son incarnation. Femme, Taos l'est par tous les pores de sa peau, par sa présence irradiante, son intelligence instinctive de la beauté, son sens de la lignée, mais aussi par ce don très particulier pour la transmission. Secrets confiés de lèvres à bouches, souffle à souffle, - « (.) d'âme à âme, jusqu'à la fin des temps » 1 - contes, berceuses, menus récits, l'éternité suspendue à la vibration, à l'émission du son.

Un son qui traverse les mondes souterrains, utérins, les alcôves de la vie et du savoir et envahit l'être aimé, le dépositaire, d'une sensation de tendresse et de durée, vertigineuse. Nous sommes porteurs d'un savoir commun très ancien, qui nous échappe et que seul le polissement de notre éducation vient effacer momentanément de notre conscience. La voix de Taos accomplit ce prodige de nous relier au fond des âges, de nous faire entrer en résonance avec le mystère de ces chants dont certains ont plus de quatre mille ans. Taos Amrouche a marqué son siècle, apposant le sceau de sa dignité, de sa sensibilité sur une époque où tout est en péril mais où chacun semble l'ignorer. La colonisation,

l'industrialisation ont fait leurs ravages ; la décolonisation s'apprête à commettre le reste de cet irréparable. « Le peuple kabyle avait pu garder ses franchises contre tous ceux qui l'avaient soumis. Il résiste mal à la victoire mécanicienne. Ses traditions meurent peu à peu, et avec elle sa poésie. » 2 Mais Taos est une héritière. Elle est fille et petite fille, descendante d'une lignée d'aèdes, femmes aux caractères généreux et trempés. Femmes libres d'esprit, maternelles et aimantes qui lui permettront d'exprimer sa personnalité indépendante, ardente, son naturel de prêtresse.

La mère, la fille et l'esprit des ancêtres


Taos a de qui tenir. Sa mère, Fadhma Aïth Mansour, et sa grand-mère, Aïni Aith Lâarbi-ou-Saïd, pour ne remonter qu'au XIXe siècle sont des battantes-nées. Ainsi l'aïeule, Aïni, a eu un enfant de l'amour, qui, par un curieux retournement sémantique, devient socialement parlant un enfant « de la honte ». Née hors mariage, la petite Fadhma n'est pas reconnue par son père. Aïni doit se battre pour affronter l'opprobre, pour l'élever seule. Elle brave la pression sociale, accepte sa différence et confie sa fille tout d'abord aux Sours Blanches de Ouadhias puis à l'école laïque de Taddert-ou-Fella, près de Fort National où celle-ci passera une bonne partie de son enfance et de son adolescence. Jusqu'à ce que l'école - pilote pour l'époque -, ferme ses portes et la renvoie au village maternel. Le temps de s'instruire intimement des choses des femmes et de la vie : travail de la laine, cuisine, tissage, poterie. Elle s'initie au chant à l'écoute de sa mère. A seize ans, elle repart pour intégrer un poste à l'hôpital, « chez les chrétiens » où elle ne se plaît guère. Elle vient de la « Laïque » et se trouve une fois de plus prise en étau, montrée du doigt. D'autres auraient sombré dans le désespoir.

Mais Fadhma trouve l'énergie dans sa vie intérieure, cultive son jardin de souvenirs bucoliques et maternels : sources, roches, torrents, cailloux, éléments dont toute la poésie kabyle est imprégnée. Puis elle reçoit le même jour le sacrement du baptême et celui du mariage en s'unissant à Belkacem Amrouche à l'âge de dix-huit ans. Belkacem Amrouche, amoureux d'elle dès le premier regard, est originaire d'Ighik-Ali, un village de la Petite Kabylie. Confié aux Pères blancs, il a été baptisé à l'âge de cinq ans. Déjà fiancé dans son village, il défie lui aussi l'interdit familial, nouvelle transgression, que devra à nouveau assumer Fadhma. Le couple vivra en dehors du village puis émigrera à Tunis où Belkacem trouvera un emploi aux Chemins de Fer tunisiens. La famille déménagera onze fois en l'espace de quelques années

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