ANSUF YISWEN ~~ BINE ATI VENIT ~~ BIENVENUE ~~ WELCOME ~~ BEM-VINDO~~ BIENVENIDOS EN KABYLIE
 

 
 
 
 
 

Des siècles de lutte pour l'indépendance... et pour leur identité 

 
 

Ceux qui ont levé le glaive

    Traditionnellement accusés d'affaiblir la cohésion nationale en réclamant un statut culturel particulier, les Kabyles, qui revendiquent aujourd'hui la pluralité comme ils combattaient hier pour l'indépendance, annoncent peut-être, par leur révolte, une nouvelle étape de la lutte des Algériens pour la démocratie

  Chaque moment fort de la vie intérieure en Kabylie, (protestations, marches, grèves, émeutes), ravive les références à la tradition historique d'engagement politique de cette région d'Algérie. Les événements récents, en forme d'explosion sociale, s'inscrivent ainsi dans une chaîne historique tout au long du XXe siècle. Une chaîne parfois lacunaire, quelquefois sanglante, et entrecoupée de trouées démocratiques, de relâchements. Pour la reconstituer, il nous faut suivre les parcours de figures essentielles issues de Kabylie et qui ont joué un rôle fondamental dans la longue marche du nationalisme algérien.

   Dans la communauté kabyle, qui forme près de 80% de l'immigration algérienne dans la France de l'entre-deux-guerres, deux figures importantes émergent du premier mouvement indépendantiste, l'Etoile-nord-africaine. Amar Imache et Radjeff Belkacem, nés en 1895 et 1907 dans des douars situés dans l'ex-commune mixte de Fort National (aujourd'hui Larbaa Naït Iraten), vont être les principaux lieutenants de Messali Hadj dans les années 30. Ils s'affronteront à lui, l'un après l'autre, sur la conception de la nation à construire et la place de la singularité berbère. Amar Imache se trouvera écarté de l'organisation. Ce débat essentiel reviendra dans la principale organisation indépendantiste, qui prendra pour nom Parti du Peuple algérien-Mouvement pour le Triomphe des Libertés démocratiques (PPA-MTLD) après la seconde guerre mondiale.

   En 1948-1949, éclate dans la fédération de France du PPA-MTLD, la crise dite « berbériste » : la majorité de la direction adopte des positions défendant l'identité berbère et critique le sens jugé trop « arabe et islamique » donné à l'orientation générale du parti. La direction, en Algérie, décide de « normaliser » la situation. Plusieurs dizaines de cadres de l'immigration algérienne en France sont exclus de l'organisation nationaliste. Cette crise va révéler ultérieurement d'autres débats qui traversent l'association, et l'on évoquera à ce propos deux types d'interprétation. Le premier touche au caractère centralisateur, voire jacobin, que porte en elle l'organisation nationaliste : s'efforçant de consolider l'idée nationale dans sa lutte pour l'indépendance, elle tend à gommer tous les particularismes. Le second souligne plus spécifiquement le fait que cet « incident » a éclaté en France, chez les cadres de l'immigration, et n'a pas touché les militants d'Algérie, pas même en Kabylie, région pourtant particulièrement concernée. L'hypothèse des effets d'influence de la société française (laïcité, position des jeunes intellectuels en France en rupture avec les coutumes religieuses et les traditions familiales, volonté de sortie d'un nationalisme jugé trop étroit pour l'intégration plus grande aux luttes sociales en France) a été invoquée.

    À la faveur de cette crise, Hocine Aït Ahmed, né en 1926 à Michelet (aujourd'hui Aïn El Hammam), responsable de la branche armée du PPA-MTLD (l'Organisation spéciale) se trouve écarté de la direction. Il retrouvera un rôle de premier plan dans le déclenchement de l'insurrection contre la France en 1954, en participant à la construction du Front de Libération nationale (FLN).

    Dans la séquence de la guerre d'indépendance, plusieurs dirigeants originaires de Kabylie vont jouer un rôle de premier plan. Abane Ramdane, né en 1920 dans un douar situé près de Fort National, sera le principal organisateur et théoricien du premier congrès du FLN, tenu dans la vallée de la Soummam en Kabylie. Il préconisait la primauté des hommes politiques sur les militaires dans la conduite de la lutte nationaliste. Il sera assassiné par d'autres dirigeants du FLN en décembre 1957 au Maroc. Amirouche, redoutable chef de guerre, né en 1926 dans une petite localité du Djurdjura, organisera les maquis de la wilaya III. Il sera abattu par les troupes françaises en 1959. Krim Belkacem, né en 1922 près de Dra el Mizan, sera le premier ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire de la République Algérienne (GPRA) en 1958, et le principal négociateur algérien des accords d'Evian de mars 1962. Il sera assassiné, vraisemblablement sur ordre de l'Etat algérien, en 1970 en Allemagne.

    Après l'indépendance de l'Algérie, la Kabylie se retrouvera vite sur le devant de la scène politique algérienne. Hocine Aït Ahmed, en désaccord avec la politique suivie par Ahmed Ben Bella, annonce le 29 septembre 1963 la création du Front des Forces socialistes (FFS). À la suite de la « guerre des sables » (l'affrontement entre l'Algérie et le Maroc), les troupes de l'ANP (l'Armée nationale populaire) ouvrent le feu sur des soldats de la 7e région en Kabylie. L'ANP pénètre à Azazga sans rencontrer de résistance. Hocine Aït Ahmed et ses partisans prennent alors le maquis. Cette résistance en Kabylie contre un pouvoir jugé autoritaire est le premier cas larvé de guerre civile dans l'Algérie indépendante. Arrêté puis condamné à mort, Hocine Aït Ahmed s'évade de sa prison en 1966, et vivra en exil en Europe.

     La Kabylie entrera de nouveau en dissidence contre le pouvoir central, quinze ans plus tard, en avril 1980. À la suite de l'interdiction d'une conférence de l'écrivain Mouloud Mammeri, de violentes émeutes secouent cette région pendant plusieurs semaines. Une nouvelle génération entre en scène, celle du docteur Saïd Saadi et du chanteur Ferhat Mehenni. Ces nouveaux acteurs politiques et culturels porteront publiquement les revendications touchant à l'enseignement de la culture berbère, totalement ignoré par les gouvernements successifs lancés dans une politique d'arabisation de l'école. Le « printemps berbère » sera le premier signal, violent, de remise en cause de la culture du part unique, le FLN, qui s'effondrera dans les émeutes d'octobre 1988.

    Il y a derrière tous ces itinéraires le rapport compliqué que la Kabylie entretient avec l'histoire algérienne. Traditionnellement accusée d'affaiblir la cohésion nationale en revendiquant des droits singuliers, cette bataille pour la pluralité livrée par les Kabyles annonce toujours des moments décisifs de passage à la démocratie. Quand cette région s'embrase, comme ce fut le cas sur des questions sociales, il y a quelques semaines, c'est l'Algérie tout entière qui se trouve concernée.

Voir aussi: http://lunis1.free.fr/spip.php?article77

La répression du Printemps Noir : avril 2001 - avril 2002

L'injustice nous blesse

La haine du pouvoir se déchaîne 

 
 

 
            

      Le 18 avril 2001, à la veille de célébration du 21ème anniversaire du printemps Berbère, à At Douala (15 km de Tizi Ouzou), la gendarmerie enlève Massinissa Guermah, jeune lycéen ordinaire de 19 ans, et l’assassine en le criblant de balles pendant son séjour au poste.

C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres. Depuis si longtemps que cette région subit l’oppression de l’état, la dureté économique, la brutalité militaro-policière... Le lendemain, la gendarmerie est attaquée par les jeunes. Les gendarmes se défendent brutalement. Les émeutes quotidiennes s’étendent ensuite à une vitesse foudroyante. Pour les seules journées du samedi 28 et dimanche 29 avril, on dénombre près de 50 morts.

À Tizi Ouzou ou à Béjaiä, c’est toute la population qui s’insurge. Les événements se succèdent, les marches de protestation aux foules intenses, y compris sur Alger, les émeutes, le saccage des locaux de tous les partis politiques (FFS, RCD, RND, PT, etc.), les attaques de gendarmeries, les fermetures de mairies, etc. C’est le Printemps noir. Près de 130 personnes seront assassinées par les forces de l’ordre, et l’on comptera d’innombrables blessés.

Très tôt, la population, massivement unie contre le pouvoir assassin, s’organise sur les bases de la démocratie directe. Dans les villages ou dans les quartiers des différentes villes, surgissent des comités populaires, faisant référence aux anciennes djemaàs, les assemblées communales de jadis. Plus de deux cents assemblées de village envoient leurs délégués (avec des mandats révocables) aux différentes coordinations par niveaux territoriaux (interwillayas, par exemple). Coordonnées par une présidence tournante, la CICB (Coordination intercommunale de Béjaïa) et la CADC (Coordination des Aarchs, Daïra et communes autour de Tizi Ouzou) adoptent à El Kseur une plateforme revendicative non négociable.

  

Ses quinze points demandent, entre autres, le départ des gendarmes, des minima sociaux dans toute l’Algérie afin de lutter contre la « clochardisation de la jeunesse », la fin de l’arabisation forcée et la reconnaissance de leur identité kabyle, la prise en compte officielle des victimes de la répression féroce du Printemps noir comme martyrs du peuple algérien, avec mesures effectives de soutien aux personnes et à leurs familles.

Pour éviter toute manœuvre politique de division ou de prise de contrôle sur le mouvement, la plateforme d’El Kseur est accompagnée d’un Code de l’honneur du délégué. Gare à celui qui le prend à la légère ! Dans les assemblées, les décisions sont prises à l’unanimité.

La plupart du temps, les belles plages de Kabylie sont fréquentées, et l’on aime profiter de la mer et du paysage. Mais, soudainement, la plage se vide, les rideaux des commerces se verrouillent. Tout le monde veut suivre les mots d’ordre de grève générale décrétés par le Mouvement des citoyens. Les boycotts sont massifs, comme celui du paiement de la facture d’électricité (contentieux Sonelgaz). Lors des élections législatives de mai 2002, l’agitation atteint un paroxysme, plusieurs jours d’émeutes, des bureaux de vote sont fermés par les jeunes. Le taux de participation n’aura été que de 2 ou 3 % (au mieux).

Le pouvoir ne reste pas sans réponses : des centaines d’arrestations se succèdent. La pression constante de la rue réussit à faire libérer des groupes de prisonniers (y compris leurs délégués). Les tentatives de manœuvres politiques sont dé-mystifiées (comme les fameux « délégués Taïwan » produits par le pouvoir).

Depuis 2001 que ça dure, non seulement le Mouvement des citoyens tient la dictature algérienne en échec, mais il la fait reculer. En janvier 2004, des négociations ont été engagées avec Ahmed Ouhayia, le ministre de l’Intérieur (au nom du président), et la plupart des points de la plateforme d’El Kseur ont été accordés, avec des réalisations effectives (en cours).

Pour la première fois, une personnalité Kabyle, en l'occurence Mr. Ferhat Mehenni, a mis tapis sur table, en créant le Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie en 2002, et comme slogant " La Kabylie pour les Kabyles".

Actuellement, elles achoppent sur l’organisation d’un référendum concernant l’identité berbère : « On ne soumet pas son identité au vote ! », clament les Aarchs.

Depuis, la Kabylie  a boycotté toutes les élections organisées par le pouvoir central, chassé la gendarmerie et interdit les visites officielles des représentants de l'état dans territoire Kabyle

Ulah Smah Ulac, pouvoir assassin ! (Pas de pardon au pouvoir assassin), tel est le slogant d'une Kabylie qui a tant donné pour l'Algérie d'aujourd'hui.

 Photos des martyres du Printemps Noir 2001 sur :

/http://membres.lycos.fr/cicbgayet

http://www.membres.lycos.fr/tafrara/martyrs.html

 

           

 

Plus d'informations sur le printemps berbère sur:

http://sitalgerie.free.fr/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=4

 
 



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